Mes prédictions connaissent toutes le même avenir : elles ne se réalisent jamais. Je souhaite que cela continue car je ne cesse de pressentir depuis Novembre 2005 l'imminence d'une guerre civile en France. D'un coté, des individus rejetés par le système où du moins qui ont le sentiment de l'être, ils s'en prennent violemment aux forces de l'ordre, aux institutions qu'ils vomissent en bloc et veulent "tout niquer". Ils écoutent souvent du rap mais constituent sans doute la jeunesse la plus rock'n roll que la France ait connue depuis l'invention de ce dernier. Ces enfants gatés(dans son sens premier) de la république française ressentent souvent d'après ce que j'ai pu comprendre une joie à détruire, une joie venue de je ne sais où, pas une simple montée d'adrénaline, non, peut-être ont-ils l'impression de "réagir enfin", de venger -en groupe, en blocs solidaires à l'ère de l'individualisme forcené- de vagues ancêtres, de réparer ainsi des erreurs de l'histoire comme si l'histoire n'était pas un ensemble d'erreurs mais aussi de se venger de vraies discriminations contemporaines et de laver ce qu'ils prennent pour des affronts redondants dispensés par la police des chiffres de l'affreux Sarkozy. On les dit peu nombreux mais ils le sont de plus en plus et sont bien vivants dans ce pays de zombies. Ils se battent, cassent, crient, brulent, passent à la télé ou sur les sites de vidéos partagées du net grace à ces spectaculaires activités qui leur permettent d'exister de l'autre coté de l'écran en foutant la frousse aux autres qui les voient débarquer directement dans leur salon. Ils tiennent parfois des propos complètements délirants voire extrémistes qui sont les fruits d'un réel désespoir. Personne de sensé n'ose frontalement les contrarier de peur de se prendre un coup de boule ou de se faire qualifier de "facho" alors certains tentent de les tempérer en leur parlant comme à des enfants perdus d'un ton condescendant. Les gauchos non-révolutionnaires parfois sympathiques justifient ou essaient de justifier leurs actes inciviques mais ont parfois du mal à le faire. De l'autre coté, de plus en plus de personnes (quelquefois sympathiques elles aussi) ne comprennent pas le pourquoi de ces vandalismes répétés et surtout pourquoi il faudrait les excuser, les étouffer voire les passer totalement sous silence et se réfugient dans des valeurs sûres, lumineuses et rassurantes comme le racisme généralisant les actes de certains à l'ensemble d'une communauté. D'aucuns font mine de comprendre mais bien peu semblent s'interroger sur l'allégresse, les cris de joies qui accompagnent les débris de verre(à quand la chair en chiffres conséquents), les feux impurs et les majeurs levés bien haut face aux crs et autres policiers devenus punching ball de la république. Ceux qui font mine de les comprendre tentent de les rameuter vers les bureaux de vote pour qu'ils aillent gentiment "ken" l'urne d'un bulletin avec le nom aristocrate de la Cruche de la socialitude. Ils pensent sans doute qu'elle pourra calmer le jeu sous ses airs crispés de fille de militaire en réhabilitant la vieille politique de la soupape de sécurité pratiquée depuis les années 80 avant que le flic farfadet farfelu, l'homo-karcherien pourfendeur de "la princesse de Clèves", le picsou de la statistique ne l'envoie dans les poubelles de l'histoire -ce qui n'est pas un mal en soi- pour, hélas, la remplacer par une politique bouffonne, inefficace et stupide de répression visant seulement à le faire élire en gagnant la confiance des électeurs de Jean Marie Le Pitre. D'autres sont prêts à voter Le Pen pour aller plus vite, pour faire directement la Révolution "parce que maintenant y'en a marre". La Révolution, tout casser mais quoi derrière? On rentre à la maison et on regarde si on passe pas à la télé ou sur les sites de vidéos partagées? On se donne rendez-vous pour encore tout casser une prochaine fois parce que "Putain, ça fait du bien!"? Nos yeux sont crevés ou occupés par nos écrans, privés d'illusions politiques, nous ne voyons plus de futurs potentiels. Tout va si vite, tout est allé si vite, nous aimerions tant continuer à vivre dans un passé fantasmé. Mais qui est ce "nous" d'ailleurs? Je suis seul comme "nous" tous.

Des partisans de l'Affreux m'ont dit être prêts à se transformer en Charles Bronson version "Justicier dans la ville"(armes+justice sauvage) si celui-ci n'était pas élu. Les casseurs, lascars, caillera ou résistants à l'ordre nouveau, nommez les comme bons vous semble sont prêts à tout casser s'il est élu autant dire que nos lendemains risquent d'être plutôt agités gracé à ce petit bonhomme qui comme le regrette sans doute Patrick Sébastien n'est pas en mousse. Je suis désespéré par ce non-choix que nous offre cette élection présidentielle si bruyante et par le fait que seule la possibilité d'être élu semble inquiéter les potentiels vainqueurs de cette élection comme si rien n'existait autour, comme si rien d'exceptionnel ne s'était passé en 2005 et se passait encore banalisant des actes qui auraient fait hurler la classe(caste?) médiatique seulement quelques années en arrière. Nos deux tourtereaux(L'affreux et la Cruche alias Iznogoud et Seccotine sous l'effet de la Zorglonde) sont bien ancrés dans leur époque, personnages caricaturaux d'un jeu vidéo dont nous sommes les figurants. Chaque jour, j'ai l'impression que chaque citoyen à mon image se recroqueville un peu plus dans sa bulle, en solitaire ou en petite communauté, il se replie dans un mutisme fataliste ou parle pour montrer à quel point il est aveugle comme tout le monde(c'est à dire le "monde éduqué" fabriqué dans sa cervelle qui n'existe que dans l'inconscient commun) en faisant mine de croire à de pathétiques slogans. Les petits noyaux humains se séparent, à l'heure où nous devrions bondir sur l'Europe, la France se fissure sur elle-même, éclate en petits morceaux, s'enfonce dans un ténébreux tunnel espérant peut-être s'éclairer à la lumière d'un sang nouveau.

Lendemains qui déchantent

Partager cet article