De la fenêtre du bureau, je la vois se trémousser dans la rue lâchant son rire brut, grossier et vulgaire à la fois et je dois dire que j’aime ça. Les filles aux regards pincés me font vaguement sourire. Ces délicates walkyries soumises aux diktats de la maigreur et de l’élégance que distillent les magazines dits « féminins » lancent autour d’elles des regards méfiants aboyant à chaque clignement de paupière des « je sais ce que tu veux, je suis belle mais tu ne me toucheras pas » alors qu’en réalité, je trouve simplement leur attitude grotesque. Elles n’ont rien compris aux hommes, seuls des éléments mâles mutagènes s’intéressent réellement à elles et ces couples de mutants feront des petits mutants encore plus insipides et contre nature que leurs parents.. Certes, je trouve parfois leurs silhouettes agréables à regarder mais elles n’excitent aucune passion en moi, elles sont comme de froides statues, inodores et sans saveur alors que dans leurs corps comme chez tout être humain règne un chaos de pourriture et de fermentation. J’ai envie de les saouler pour qu’elles se révèlent mais je ne suis même pas sûr que l’alcool fonctionne tant leur comportement semble être gravé dans un marbre moderne désespérant incapable d’absorber autre chose qu’un reflet. Ce n’est même pas de leur faute, parfois cela les démange de se glisser entre les barreaux de leur prison rigide, elles y passent le bout du nez puis reculent en riant de leur "folie". En général, elles récitent bien les leçons qu’elles ont apprises, ces sirènes ont toujours l’impression qu’il leur manque quelque chose et il leur manquera effectivement toujours quelque chose, cette chose qui fait qu’une relation ne finisse pas en queue de poisson avec moi. Ce type d’attitude sociétale ne leur est pas réservée, les hommes sont eux aussi atteints, ils feignent parfois de se désintéresser du regard des autres mais ils sont esclaves de l’apparence et pas seulement par rapport à la marque des vêtements portés mais aussi la démarche, la coupe de cheveux, la sonnerie de leur téléphone portable...

Les généralités m’arrangent et me démangent, que voulez-vous, je vis à l’heure de la globalisation, de l'information multple. J'avance dans le brouillard du bruit, dans le blizzard des regards froids et indifférents, je trace des traits généraux en tentant de ne pas trop effacer le reste. Dans ce monde chaotique j’essaie tant bien que mal de coller des étiquettes, de classer, de réunir, de ranger, de lutter, de mettre un peu d’ordre dans le grand désordre contemporain. C'est une tâche impossible, une lutte contre le vent, contre le temps, contre la nature des choses et des êtres vivants.

Lorsque je marche dans une rue, j’aime regarder les gens et les imaginer avec une bite dans la bouche, ce sont des tableaux presque surréalistes, incongrus. Il y a bien des moments où cela doit leur arriver d'avoir un sexe qui leur gratte la glotte, d’autres où ils engloutissent de la nourriture, défèquent ou urinent pourtant à les voir, on ne le croirait pas tant ils prennent soin à bannir toutes formes d’animalité apparente pour de nouveaux codes plus « convenables ». Difficile d’accepter son animalité, sa carcasse de graisse, d’os et de muscles, nous sommes des bouts de viandes, barbaque avariée aux désirs barbares, quelle horreur !

La fille d’en bas est bien différente : c’est une vraie bête à sexe qui pue la vie pleine de ces rues organiques, ces artères aux trottoirs mêlés de foutre et de cyprine. Sa bouche semble être un réceptacle à queue et entre ses seins naît un sillon que mon soc surchauffé brûle d’aller labourer. Je veux que mes couilles durcies connaissent la douceur de sa poitrine, qu’elles claquent sur son cul, qu’elles soient lapées par sa rapeuse langue de lionne.

Il y a un abîme entre elle et moi sans doute plus profond que les trois étages qui nous séparent. Les rouges lumières de la vitrine du club inondent la partie visible de ses deux globes mammaires, ces mondes accueillants desquels mon regard ne peut se détacher. J’ai de ma fenêtre une vue imprenable et j’attends patiemment qu’elle se penche pour compléter les parties manquantes de ces galaxies jumelles. Cet abîme provoque des vertiges, le sang picote jusqu’à mes tempes, un tsunami de salive inonde mon palais, l’ensemble de mon être est saisi d’une sensation dictatoriale et jouissive qui provoque de délicieuses pertes de contrôle. J’entends battre mon périnée envoûté par les bourdonnements de la bête qui ne demande qu’à jaillir de mon être.

Tu es encore là, fidèle au poste, poitrail en avant débordant d’un bustier noir pour attirer le chaland. Ta silhouette est sculptée pour la baise, des traits de ton visage suinte l’envie, salope, je te veux et je ne t’aurais pas. Tu t’es inscrite en courbes pleines et déliées rouges vifs dans les tablettes de mon livre fantasmé. Laisse donc mon groin caresser tes divines tétines. Je vais attendre minuit et j’espère te croiser une nouvelle fois dans le parking souterrain où je rêve de te casser la culotte sur le capot encore chaud d’une voiture de sport. Ce serait peut-être mieux que je te prenne dans l’ascenseur et que je te bourre le cul tenant d’une main ta queue de cheval et frappant à plat de l’autre une de tes fesses pulpeuses comme le cow-boy encourage sa jument. Je vais dévorer ton clito et entendre tes ronronnements rauques, te couvrir d’halètements pathétiques, tourner ma langue sur tes aréoles, sucer tes tétons et descendre doucement vers la mousse humide de la grotte sacrée. Contempler la paire d’obus mammaires que ton décolleté plongeant laisse exploser me fait bander comme un âne. Hi-han, hi-han fait le bruit de mon sexe, pompe à vélo grinçante qui ne gonfle rien d’autre qu’elle même. Ton abus de maquillage et tes cheveux tirés en arrière qui révèlent des oreilles décollées n’arrangent rien. Bien au contraire, idéal récipient de mes fantasmes, je meurs d’envie de faire couler en toi les plus intimes de mes sécrétions poisseuses. Fourrer ma bite entre tes deux mamelles et éjaculer sur tes rires moqueurs déclenchés par la ridicule taille de ma queue qui doit rompre avec ton habitude de croiser des démonte-pneus. J’oubliais ta clope au bec qui entretient l’aspect rocailleux de ton timbre de poissonnière. J’espère que lorsqu’on te pénètre, tu gardes cet air mauvais que ton visage ne peut cesser de distiller, ce rictus dégoûté qui durcit mon phallus. Durant quelques secondes, ton regard change parfois et prend des airs de petite fille mal aimée. Je ne connais pas ton histoire personnelle, je me doute qu’elle n’a pas du être facile mais elle t’a forgée à coups de marteau social sur l’enclume du réel. Même si je le voulais et surtout si tu le voulais, je ne pourrais pas partager ta vie. Il est physiquement dangereux d’être en érection permanente. Tes conversations m’ennuieraient, elles m’ennuient déjà, tes mots gras viennent parfois se coller à ma fenêtre mais ils ne veulent rien dire pour moi, je n’entends que des appels, des agents provocateurs du désir. Tu pourrais parler de n’importe quel sujet que je n’aurais toujours qu’une envie, une envie de sexe, te sauter, t’enculer, te bourrer de foutre, te bouffer les seins, te palper le vagin, te pétrir les fesses, te cunnilinguer à en perdre ma langue. Si tu pouvais cracher de ta devanture jusqu’à mon perchoir un « branle toi, petite merde » je crois que je ferais sur moi. Imaginer ma queue dans ta bouche pendant que tu essaies toujours d’articuler insultes et moqueries est un délice exquis. Les sons déformés par l’obstacle organique composeront la musique splendide, l’accompagnement idéal des films de mes nuits. Je voudrais que tu écrases tes mégots sur mes fesses puis que tu viennes cicatriser les brûlures à l’aide de tes énormes mamelles baveuses, tétons apaisants sur ma peau brûlée, sentir la lourde rondeur de tes seins rouler sur l’ensemble de mon corps. Puis tu me flanquerais une sévère correction, une fessée dantesque pour t’avoir pincer les tétons et sous la brutalité répétée de ta main droite s’aplatissant et rebondissant sur mon derrière nu, j’éjaculerais mes plaisirs les plus purs. Juste après, tu me dégoûterais, tout en toi n’étant qu’un ensemble d’immondices bandants. Je ne pourrais plus me passer de l’odeur chaude de tes miches, de ta chatte fourrée, cette coquille soyeuse dans laquelle mon mollusque trouverait son plus confortable habitacle et je préserverais le parfum de ton con tant que je sentirais le moindre rappel odorant de nos ébats. Chair contre chair, échange de sueurs et de liquides excités, toucher ta peau, ne serait-ce que l’effleurer. Préliminaires, floc, les mains se collent aux seins, floc, doigté majeur cherche la source chaude et humide, floc, préparation du terrain sexuel, floc, la chair s’agite, floc, gland en avant vers vulve, floc, il pleut, il pleut, berger rentre tes blancs spermato, floc, non retiens les encore, tchork, encore, tchork, encore, tchork, encore, euahhh, rugissement peu galant du mâle à la décharge bestiale, floc, floc, floc ! Schklak ! Capote au panier, trois points ! On ne parle pas de ces choses là ainsi, c’est sale, moche et vulgaire, à la rigueur on peut les écrire à l’abri des regards, on les cache dans des creux d’ombres mouvantes, on les métaphore à coups de langue et on se complaît à se rouler dans la fange, c'est une protection, un usage réservé à ceux qui vivent sensuellement. L'acte sexuel doit être sacralisé voire tenu secret comme un trésor caché dont nous aurions constamment la carte en tête. Cette peu élégante pratique est généralisée mais on n’en parle rarement ainsi ou du moins pas en présence du partenaire concerné, c’est bien trop cru, ça pourrait nous couper l’envie. « Cru » de « crudité », de « cruauté » ? Je ne sais pas. Peut-être « cru » synonyme de « pas cuit », la baise, « l’honneur fait à la dame » date d’avant le don que Prométhée a fait aux hommes mais longtemps les humains n’ont pas eu le choix, il fallait bien perpétrer la race. Cet acte antique nous rapproche tant des animaux qu’il nous effraie tout en gardant un goût presque interdit pour, nommons-le : le sexe, ce mot qui siffle et sussure, sournois comme un serpent. La vie sans lui semble bien fade alors nous transformons cet acte, nous parlons parfois d’amour au lieu de baise, des films le suggère ou le montre avec une certaine esthétique. Seuls, les pornos garde la bestialité du geste mais fausse la réalité des actes, on y voit rarement la femme qui s’ennuie et qui baisse ses paupières, non par plaisir, mais pour ne pas voir les yeux révulsés de l’homme devenu démon qui la monte éructant des halètements bestiaux et semblant avoir oublié toutes formes de raison, toutes formes d’humanité. Fermer les yeux ou faire cela dans le noir complet, laisser voguer les imaginations qui se croisent parfois et s’enlacent en images fugitives de frustrations libérées. A la fin, l’homme est souvent dégoûté par lui-même et projette son dégoût sur la partenaire qui l’a transformé en monstre et lui a trempé le sexe d’un répugnant liquide féminin avant de l’innocenter car c’est la vie, le plaisir a un coût dégueulasse. Un coût que j’évalue de ma fenêtre. Je fais la raie, prédateur sur sa proie, tu me regardes avec amusement, je suis prêt à te donner du précieux papier sans compter pour te larder de coups même à distance de marteau gicleur que tu échangeras, je l’espère, contre des bibelots d’insanités sonores.

Bibelots d'insanités sonores

Partager cet article